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envahies par une lassitude somnifère qui les replongeait dans leur stupeur habituelle.

L’exemple suivant peut servir de leçon à celles qu’un premier entraînement permet de se ressaisir.

Mlle d’E…, jeune fille ravissante, avait eu une jeunesse d’une pureté virginale. Sa mère, restée veuve, sans fortune, crut lui avoir assuré un avenir opulent en la mariant à un riche vieillard plus épris de ses qualités morales que de la solidité de ses charmes, et qui fut pour elle plus un père qu’un mari.

Veuve à vingt-quatre ans, assez ignorante de la vie et prédisposée par un tempérament naturellement sensuel aux excitations amoureuses, elle se sentit bientôt agitée de sensations troublantes, au sujet desquelles elle consulta une amie.

Pour son malheur, cette amie était une habituée du cénacle de perverses de la maison de la rue de Rivoli, elle lui conseilla les inhalations d’éther et, petit à petit, l’entraîna chez la doctoresse dont elle devint une fervente adepte.

À l’automne de…, elle s’était retirée à sa propriété de V…, en Normandie, où elle vivait en recluse, en proie à une mélancolie des plus pernicieuses.

Elle avait remarqué dans un pré dépendant de son domaine, un taureau paissant, attaché au piquet, séparé du bétail qui vaguait en liberté.