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sur des toiles vertes ; ce qui, à distance, donnait l’illusion d’un potager des plus grotesques.

« Faut voir ça » avait remplacé sur le boulevard le fameux « As-tu vu Lambert » de l’Empire.

Sardinapar avait pensé à adresser une requête au ministre des Beaux-Arts, réclamant les palmes académiques, motivant sa demande sur ce que son académie procurait le pain quotidien à plus de cent putains.

Elle leur donnait aussi du suif.

La grande attraction des cyclomanes était la course des araignées.

Le gaz baissé, vingt femmes gantées de noir jusqu’aux épaules, des bas, également noirs, jusqu’aux cuisses, couraient la piste à quatre pattes, une bougie allumée entre les fesses. Le champion était celle qui arrivait première après trois tours de la piste sans avoir éteint sa bougie.

Il avait été fortement question d’organiser un match de ce genre : Paris-Bordeaux. On dut y renoncer à cause d’un certain Bérenger.

Mais le gouvernement sera bien forcé un jour d’en arriver là, lorsque le public blasé sur les courses de chevaux, de cycles et d’automobiles, il lui faudra procurer un nouveau divertissement au peuple pour se maintenir. Cela fera le pendant du jeu des Trente-six Bêtes de la Cochinchine.

Que les parlementaires s’engueulent, se mangent