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— VI —


en leur somptueux manteau de pourpre, royaux cavaransérails de l’univers, les corruptions amoncelées l’étreignent de toutes parts, l’étouffant dans son génie et sa vaillance gauloise. Comme ses devancières de gloire, devenues la proie des métallifères et des courtisanes, ses titres de grandeur et d’immortalité se fondent dans des inouïssements de luxe blafard et d’apprêtées iniriennes, à travers les beuglements des imprésarios dépravateurs et le glossaire des rhéteurs décadents. La Ville-Lumière, la Mecque ancestrale du génie et du talent, n’apparaît plus que comme l’Urbs voluptatis rerum, conquise, soumise, aux enseignes des lupercales : luxuries, lascivia, fallax, insidiosa, desidiosa, libidinosa, turpis, obscœna, infamis, voilant de deuil ses dieux lares.

En cette éclipse de ses lumières essentielles, blafardée des feux de ses luxueux lampadaires qui épaississent ses ombres, aux éblouissements artificiels qui font rayonner le faux et célèbrent le toc, fondant le bruissement des foules inquiètes, agitées en leur struggle-for-living satanesque, la courtisane altière, lascive, est reine ; son souteneur, banquiste ou chourineur, est roi.