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pensée, mais elle était ce jour-là de mauvaise humeur et ce fut d’un ton méprisant qu’elle lui dit :

— Mon garçon, vous êtes ici pour conduire mes chevaux et non pour rester planté devant moi comme un héron devant une baleine.

Le beau cocher baissa la tête.

Comme si elle voulait corriger ce que ses paroles avaient de dur, la duchesse lui tendit son soulier qui s’était délacé.

Elle avait relevé sa jupe assez haut pour qu’il pût voir sa jambe jusqu’au-dessus du genou.

Il se sentit enveloppé d’un parfum aphrodisiaque qui lui nébula la vue et le cerveau.

Il eut bien de la peine à trouver les deux trous d’œillet nécessaires à l’opération qui lui était demandée.

Quand il eut fini, il suait à grosses gouttes.

C’était une occasion cependant, et il l’avait laissée échapper.

Désespéré, il se demanda s’il ne ferait pas mieux d’abandonner la partie de ce côté et d’accepter les offres de la baronne Tamponneau ou de la marquise de la Fessejoyeuse, qui lui avaient fait des conditions plus avantageuses pour entrer à leur service.

Mais sa ténacité d’agrarien lui fit honte de sa lâcheté.

— Je l’aurai, je la dompterai, se dit-il rageusement.