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nois pour juger de la qualité de son esprit, lui adressa cette question baroque :

— Que savez-vous des chevaux ?

Agénor resta interloqué, mais ayant remarqué que son interlocutrice souriait malicieusement, il répondit bravement :

— Je sais qu’il y a de nobles bêtes, comme il y a de belles femmes.

L’Ambrelinois s’acclimatait évidemment.

Puis, le vieux roué qui s’était fait un jeu de jeter le naïf vaniteux, dont il avait scruté l’abjection morale, aux appétences érotiques de la panthère salonnesque, lui avait dit :

— Pour arriver à la fortune, mon garçon, il n’y a plus que les femmes. Quand elles ne viennent pas à nous, on les prend de force et elles nous savent gré d’une violence qui les dispense des préliminaires que la conquête d’un homme impose.

Il n’avait rien oublié de cette théorie, et il se sentait d’autant plus disposé à la mettre en pratique, que, par ses manœuvres, la duchesse semblait l’inviter à la prendre.

— Oui, il y a des femmes si belles, si tentantes, qu’on les outragerait sans remords, ajouta-t-il en proie à une sorte d’égarement, le regard perdu dans le fouillis des dessous parfumés de la duchesse.

Celle-ci éclata de rire, mais si moqueuse, que