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Qu’y a-t-il de changé ?

Tous ces chefs-d’œuvre de l’esprit et de science sont taxés d’outrages aux bonnes mœurs par des larbins de prétoire, qui les auraient aussi bien condamnés pour outrages à la lune, si le texte eût figuré à leur répertoire.

Puis, c’est l’Empire, c’est encore Piron, Parny, Collé, Diderot, Mirabeau qu’on hache ; puis Eugène Süe, Proudhon, Poupart-Davyl, Rogeard, Baudelaire, Naquet, etc., etc…, et le justiciard Bérenger portait la livrée des étrangleurs.

Certes, il est honorable, pour un écrivain, d’entrer dans la phalange glorieuse des victimes des Thugs judiciaires, il n’en est pas moins ridicule de se laisser coller par des « attendus » de corps de garde, comme un toulourou par son cabot, pour avoir… ne pas avoir… et avoir encore après. Bonnes mœurs, c’est du galimatias de petits frères, de la plaisanterie de curé. Je parie le plus beau lapin de France, que pas un juge ne sait ce que cette chinoiserie signifie exactement. Il y a des mauvaises mœurs, c’est connu, puis des mœurs. Mais de bonnes mœurs, c’est de la jonglerie de casuiste.

Le motif invoqué n’est qu’un expédient pour atteindre le livre qui fait rugir pas mal de gens aux mœurs apocalyptiques, et je n’irai pas me risquer dans le maquis de la loi où les escopettes embusquées n’attendent que ma présence pour partir.

Mes juges sont à la Cour d’assises et pas ailleurs.

Je m’étais cantonné dans l’oubli. On est venu souf-

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