Page:Dumont - Paris-Éros. Deuxième série, Les métalliques, 1903.djvu/320

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 296 —


jusqu’à la racine, le système condamné par tous les penseurs. La justice humaine, c’est le jury ; la magistrature officielle n’en est que la caricature, sinon la négation. Aux hommes du texte louche, bancal, il faut substituer les hommes de la conscience : le Jury.

— Si la magistrature vous entendait, cher maître, elle reprendrait peut-être conscience du sentiment de son devoir, de sa haute mission dans la société.

— Vous vous trompez étrangement ; elle me traiterait en bête féroce et me déshonorerait par arrêt, après m’avoir déshonoré par insinuation. Elle a en horreur ceux qui lui parlent de devoir, à plus forte raison ceux qui lui rappellent ses crimes, ses massacres d’innocents, ses coupes sombres exécutées par ordre, ses infâmes compromissions et toutes les choses horribles à la raison, qui l’ont rendue l’objet de l’exécration de tout ce qui pense, qui a du cœur. Le magistrat démasqué ne pense qu’à se venger, et il se venge avec la férocité lâche que lui donne l’assurance de son irresponsabilité.

Ces paroles auraient peut-être communiqué des résolutions salutaires à son client, en lui inspirant un retour sur son passé, mais Me Cordace pensait à ce moment aux moyens d’arriver à faire accepter une transaction à trente pour cent à ses prêteurs de l’héritage Blanqhu et à ceux d’Agénor, les autres s’étant arrangés pour se rembourser sur la