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Me  Loyal, qui assistait l’inculpé, en avait attrapé une migraine abrutissante.

— C’est de l’esbrouffe, c’est stupide, c’est même canaille, disait-il à son client, mais c’est encore ce que j’ai vu faire de mieux par la magistrature depuis que je la connais.

— Le fait est qu’elle ne gagne pas à être vue de près, avait sceptiquement répondu le notaire. Mais je me demande ce qui porte ces façons de Robert-Macaire à faire cette infecte besogne.

— Leurs instincts mauvais, parbleu ! leurs âpretés bourgeoises, les ambitions de l’arriviste, ce qui tente les besogneux, sans autre énergie que pour l’intrigue et la servilité : l’argent et la vie facile. La majorité de ces Escobars judiciaires sont entrés dans la carrière dans les plus exécrables conditions, sans sentiment aucun du devoir ; par conséquent, faciles à toutes les corruptions, à toutes les abdications de la conscience, atrabilaires, mauvais et inconscients par profession et par éducation du milieu où ils opèrent. Heureusement que les arguments de droit divin qui protège encore l’édifice vermoulu s’abîment chaque jour. Retour de la justice immanente, ce sont les basses passions que la magistrature sert, qui la démolissent chaque jour, dans leurs anathèmes contre les principes sur lesquels elle repose et qui ont fait sa force pendant douze siècles. Mais l’arbre est pourri