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Les renseignements étaient tout frais : le vieux Matichon, qui s’était joint à la colonne de colons, avait été tué, quelques jours avant la destruction totale d’Azara, dans une excursion contre les Indiens.

C’est tout ce que je pus apprendre à Aglaé.

Mais il paraît que cela lui suffit, car quelque temps après, mon gaucho, courtier d’une maison de recherches de Buenos-Ayres, m’apporta un pli volumineux contenant le libellé d’un testament de l’oncle Matichon, décoré du titre de commandeur, avec prière de le traduire ou de le faire traduire en espagnol, et d’y apposer tous les cachets que je croirais utiles, le tout placé sous l’invocation de cinq billets de mille francs.

Dame ! je ne pouvais être que reconnaissant de si bons souvenirs et je manœuvrai de mon mieux.

— Quelle rouerie !

— Dis plutôt que c’est une femme de génie. En comptes-tu beaucoup en France, qui oseraient tenter un pareil coup ?

— Heureusement. Mais l’exemple est donné et nous en allons voir de toutes les couleurs ; car quand les femmes s’en mêlent, cela devient phénoménal.

— Il faut bien que les capitaux prennent l’air ; il y a assez longtemps qu’ils se cachent. Au reste, c’est de la justice immanente, l’argent ainsi gagné provient souvent de sources aussi canailles.