Page:Dumont - Paris-Éros. Deuxième série, Les métalliques, 1903.djvu/292

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 268 —


là, en cultivant quelques coins pour l’usage de la communauté et parquant le bétail et les chevaux, que nous enlevions, dans les prairies, au bord du fleuve.

Nous possédions d’abondance tout ce qui fait le bonheur des sauvages. Malheureusement nous manquions de femmes ; Alice était la seule représentante du beau sexe dans l’association.

Tu vois d’ici : treize mâles brûlants, débordant de sève, vivant de la vie sauvage du désert, autour d’une femme dans toute sa formation, rendue elle-même ardente par la vie de plein air que nous menions.

Je compris la situation, qui aurait pu mal tourner pour mes droits et pour ma peau, et je plaçai Alice dans la communauté, ce qu’elle accepta avec plus d’abnégation que je ne l’aurais cru. C’est ainsi que j’ai quatorze fils dont je suis le treizième de père.

J’avais totalement oublié la France, qui nous le rendait bien, car je n’en avais jamais reçu la moindre nouvelle, lorsqu’un jour un gaucho qui m’avait cherché partout à Buenos-Ayres, à Santa-Fé, à Tucuman et à Corrientes, où il avait appris mon départ pour le Gran-Chaco, me remit une lettre de la sœur d’Alice me demandant des renseignements sur son oncle Matichon, avec deux billets de mille francs pour aider aux recherches.