Mme Blanqhu, sous le nom de Mme de Sainte-Ernestine,
habite, à Neuilly, un coquet hôtel dont
elle a fait l’acquisition il y a quinze jours. Son
mari a monté, sous le contrôle de sa femme, un
bureau d’affaires, rue Saint-Lazare. Il y a encore
un olibrius, le beau-frère, paraît-il, de la monteuse
du coup de l’héritage Matichon, autrefois recherché
pour vol chez un avoué, fait maintenant prescrit,
qui, revenu de l’Argentine, occupe comme
directeur d’un coupe-gorge financier, boulevard
Haussmann, la position de directeur, toujours sous
le contrôle de la belle Aglaé. Il y a dans tout ce
micmac : Picardon, des blocards du ministère, le
Syndicat des Métalliques et quelques rastas de
haute volée, sans compter les malins de l’Acacia,
qui opèrent parallèlement, quoique opposés de
vues, mais unanimes à monter un grand coup
qui leur graisse les pattes. Maintenant que je t’ai
esquissé la situation, j’ai un conseil à te donner.
Si Picardon te fait des avances, accepte-les, c’est
encore le plus sûr ; le ministère branle dans le
manche et Picardon est à la fois l’homme des Métalliques
et de l’Acacia pour la mauvaise besogne
qui se prépare et dont les jalons sont plantés.
— Mais si la magistrature allait changer son fusil d’épaule ?
— Il n’y a pas de danger de ce côté, la magistrature est définitivement domestiquée. C’est pour