J’ai vu, comme je vous vois, ses lettres à ma cliente.
— Parfaitement imaginé ; mais je dois vous apprendre, cher maître, que la colonie en formation d’Azara a été complètement détruite ou à peu près, il y a quatre ans, par les Indiens, qui sont les maîtres absolus du Gran-Chaco.
— Impossible ! Vos renseignements sont erronés : il y existe actuellement une banque nationale et des autorités à la tête desquelles se trouve un alcade.
— Il n’y a jamais eu de banque ni d’alcade à Azara, pour la bonne raison qu’il n’y a jamais eu d’établissement fixe, attendu que les premiers trois cents colons que les réguliers argentins y avaient amenés, ont été dispersés quatre mois après leur installation.
— Vous me confondez… Mais le commandeur Matichon, l’oncle de Mme Blanqhu a bien existé ; je l’ai connu à Ambrelin avant son départ pour l’Amérique.
— Le pseudo-commandeur était le chef d’une bande de maraudeurs ; il a été tué dans une rencontre avec les Indiens Tobas. S’il a laissé quelque chose, ce ne peut être que des dettes.
— C’est un conte qu’on vous a fait.
— Nullement. Tout cela m’a été affirmé par un homme digne de foi qui connaît parfaitement le pays.