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Agénor se tenait les bras en l’air, médusé.

— Cinquante millions !… cinquante millions ! répétait-il halluciné.

Tout à coup, il fut pris d’une folie de saltation.

— Et tu ne danses pas, tu restes froide comme un marbre ? demanda-t-il.

— Nous ne les tenons pas encore.

— Mais nous les aurons ?

— C’est probable, mais il nous faudra manœuvrer habilement ; car il y a deux neveux, les fils de la sœur de la première femme de mon oncle, le commandeur Matichon, le grand minier du Gran-Chaco, qui me disputent l’héritage.

— Ils n’ont rien à voir dans la succession.

— C’est ce que je me suis dit, mais pour éviter des affaires, nous ferions peut-être mieux de transiger ; une dizaine de millions de plus ou de moins ne nous rendront pas malades.

— C’est ça ! Nous leur offrirons cinq cent mille francs, c’est bien suffisant.

— Ce sera à voir. En attendant, tu annonceras à ta duchesse ton mariage avec l’héritière de ces cinquante millions là. Cela lui fera plaisir de savoir que tu ne t’encanailles pas.

— Devrai-je lui dire ton nom ?

— C’est inutile pour le présent. Tu lui diras que je suis une jeune fille abandonnée, qui a eu une jeunesse difficile ; elle comprendra cela.