Page:Dumont - Paris-Éros. Deuxième série, Les métalliques, 1903.djvu/150

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 126 —

Libre de son après-midi, Agénor revint chez Aglaé Matichon.

— Emportée la citadelle ; je couche avec la duchesse ! s’était-il écrié en l’abordant.

— Il te faudra bien faire les choses, te monter le bourrichon par un bon coup de champagne. Tu sais, ces histoires-là, ça me connaît, lui conseilla la cocotte.

— Elle en sait maintenant autant que toi.

— Peut-être ! Ces grandes dames nous imitent en tout, mais elles ne parviendront jamais à attraper notre chic. Ça, c’est de la grande école : il faut diablement avoir fait battre et rebattre des matelas pour arriver à l’art du métier.

— Mais elles ont ce que vous n’avez pas, la passion qui rend la chose savoureuse.

— Tu crois cela, toi, mon petit ? La passion, ça s’imite comme les billets de banque, le beurre, les œufs, le café, et la tiare de Saïtapharnès. Il faut être diablement fin gourmet pour sentir la différence. Et puis, quand nous avons affaire avec un type qui nous botte, nous ne sommes pas non plus de bois.

— Je m’en rapporte à toi pour cela ; je sais que tu la connais dans les coins.

— Oui, mon cher, je la connais et je m’en flatte. On sait qu’Aglaé Matichon a braisé plus d’un vieux coq qui ne savait plus chanter… Mais ne nous emballons pas ; nous avons à parler de nos affaires.