Page:Dumont - Paris-Éros. Deuxième série, Les métalliques, 1903.djvu/105

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 81 —

— Abrégeons, mon lit doit être le marchepied de ta fortune, la prostitution de mon corps, le piédestal de ta gloire. Est-ce bien cela ?

— Quelle superbe logicienne, quelle grande Théodora tu es !… Tu as raison, j’abrège. Voici la situation. La France est livrée à un régime d’anarchie et d’incohérence tel qu’il n’est plus permis de douter d’une catastrophe prochaine.

— Qui te dit que cette anarchie et cette incohérence ne sont pas de la sagesse politique ? As-tu déjà vu une politique se soutenir sans ces deux agents de division ? Les catastrophes ne se produisent jamais que lorsqu’elles ont été habilement préparées.

— Tu m’as deviné, une catastrophe se prépare.

— Je comprends ; l’ordre public n’est qu’une compétition de désordres. Toi et tes amis, vous vous proposez de renverser les termes de la proposition gouvernementale actuelle : faire du désordre avec de l’ordre, et superposer votre anarchie et vos incohérences sur celles du pouvoir.

— Où as-tu appris tout cela ? Tu es en passe de devenir docteur en chambardage politique.

— Toutes les femmes savent cela ; seulement elles n’ont pas le temps de condenser leurs idées. Prends un ménage, n’importe lequel : toute l’ambition de la femme n’est-elle pas de substituer son anarchie et ses incohérences à celles de son mari,

5.