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— Mon petit, je vois ce qu’il te faut. Je n’ai pas d’argent à jeter aux godelureaux, mais je vais te recommander à mon amie, Mme Picardon, avec laquelle tu pourras t’entendre. Soigne sa nièce, elle est à chauffer.

Les négociations avaient abouti et l’ex-clerc entra en qualité de secrétaire au service de la grande tenancière du salon politique.

Mme Picardon ne possédait pas le galbe superbe de la duchesse, mais, en revanche, elle était l’objet d’une admiration plus étendue.

Avec sa physionomie mutine, ses grands yeux gris de fer, sa chevelure ondulante, d’un noir d’ébène, et sa taille serpentine, elle paraissait plus jolie que belle. Ses affectations de bourgeoise parvenue seyaient bien à la tourbe ambitieuse de province, aspirant à l’aristocratie tiers-état et au choppage d’un lambeau de la France.

Elle n’était encore que la belle Émerance de la petite cité de Barbaruc, tenant avec sa sœur boutique de lingerie, lorsqu’elle fut remarquée par Félix Picardon, politicien strumeux qui visait à la députation et mieux encore.

La beauté du diable de la jolie modiste couvrait un arsenal de ruses, de roueries, de cupidités, d’ambitions et un gouffre de passions ardentes, qu’elle avait placés sous l’égide tutélaire de tous les saints de Barbaruc.