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MONTESQUIEU,

Il faut une ame droite, un profond jugement,
Pour savoir élever un si beau monument ;
Et l’on doit déployer le sage caractère
Que comporte toujours cette œuvre tutélaire.
Le Code d’un État est son plus grand trésor :
Epurez donc les lois comme on épure l’or ;
Passez-les au creuset de l’estime publique,
Puisqu’à nous rendre heureux tout leur pouvoir s’applique.
Aux lois donnons toujours l’impartialité
Qui doit leur assurer de l’efficacité.
Quel malheur quand les lois ne sont pas équitables !
Qui pourrait calculer leurs suites déplorables ?
Qu’on éloigne des lois toute confusion :
Simplifiez beaucoup la législation :
Les principes des lois, basés sur la morale,
Ne peuvent jamais être un tortueux dédale.
Qu’en elles nos devoirs, tracés bien clairement,
Dans l’esprit des mortels se gravent aisément.
Alors on verra naître une jurisprudence
Dont tout l’ensemble aura beaucoup de cohérence,
Et dont la noble étude, éclairant les États,
Formera dans leur sein de dignes magistrats.
Que vous avez, ô lois, fait naître de grands hommes !
Et vous en formerez dans le siècle où nous sommer,
Les institutions font briller les talens
Qui sont nés pour l’appui de leurs gouvernemens.
Par elles le mérite est mis en évidence ;
Pour elles il signale une haute éloquence.