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Brest à notre marine offre une rade immense,
Où toujours nos vaisseaux mouillent en assurance.
Ah ! comme, en la voyant, elle enflamme le cœur
De quiconque est sensible à la noble grandeur.
Nulle rade n’est point plus vaste sur la terre :
Elle peut contenir cinq cents vaisseaux de guerre.
De majestueux forts viennent l’environner :
Pour elle constamment ils sont prêts à tonner.
Sa bouche offre un rocher, qui la rend dangereuse :
Mais l’art sait éviter ta cime périlleuse,
Ô terrible Mingan ! dont les aspérités
Pourraient anéantir nos vaisseaux redoutés.
Plusieurs ont succombé, quand Éole implacable
Contre toi repoussait leur masse formidable.
Inflexible géant ! que fais-tu sur ces bords ?
Prétends-tu t’opposer aux généreux efforts
Qu’en cette enceinte peut déployer la patrie,
Ou veux-tu protéger cette mère chérie,
Si l’on entreprenait quelque jour d’envahir
Cette rade, ce port, que tout vient garantir ?
Sentinelle immuable, et que Thétis seconde,
Tu gardes jour et nuit cette porte du monde,
Ce Goulet, dont le nom n’est pas harmonieux,
Mais qui reçoit souvent des saluts glorieux.

Ô terre ! c’est ici ta limite éternelle ;
Ici je vois écrit sur le front de Cybèle :
On ne va pas plus loin. Mais Éole et Thétis
Appellent par-delà leurs nombreux favoris,