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Ne connut point l’effroi dans ces jours détestés,
Qu’un inflexible sort semble avoir suscités.
La vertu n’a donc plus d’asile sur la terre :
Louis, de sa patrie est l’ange tutélaire ;
Nul mortel, plus que lui, n’aima l’humanité ;
Comme un cruel tyran le voilà présenté.
Qui pourra conjurer cette horrible tempête ?
D’implacables sujets ont demandé sa tête.
Mais quel vœu sacrilége ose attenter ainsi
sur un auguste front que n’ont point obscurci
Les périls imminens, le malheur et l’outrage,
Qui montre à l’univers un stoïque courage !

Peuples, que voulez-vous de votre Souverain ?
Chaque jour on a vu sa paternelle main
Répandre sur vous tous les bienfaits, l’abondance.
Que voulez-vous de plus ? ah ! de l’indépendance !
Ne vous suffit-il pas de vivre librement
Sous les paisibles lois de son gouvernement ?
Vous voulez renverser le meilleur des monarques !
Qui vous reconnaitrait à ces funestes marques,
Français, peuple si doux, si grand, si généreux,
Si fidèle à ses Rois, et vraiment valeureux ?
D’un crime si fatal souillant notre patrie
Voudriez-vous, hélas ! qu’elle en restât flétrie ?
Hélas ! la liberté peut-elle être un bienfait,
Si vous l’accompagnez d’un horrible forfait ?
Oui, cette liberté serait trop achetée,
Si, par le sang du juste elle était cimentée.
La liberté, que dis-je ? ah ! Louis la donna ;
De sa sollicitude en France elle émana.