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Aura pour son pays un heureux résultat ;
Il pourra tenir lieu de toute expérience,
Et lui faire acquérir la profonde science.
Alors que l’horizon paraît calme et serein,
Il saura découvrir dans le plus grand lointain
Un signe avant-coureur d’une horrible tempête.
À tout événement sa vigilance est prête.
De tous les intérêts il sait faire un faisceau.
Pilote prévoyant, il conduit son vaisseau
Loin des autans fougueux, dans un port salutaire,
Et sans le diriger d’une main téméraire,
Il sait le maintenir par ses efforts constans
À l’abri des fureurs, des flots trop écumans.
C’est ainsi qu’un Ministre agit avec prudence,
Et fait sentir l’effet de sa douce influence.

Ne cachez point les plaies qu’un état peut avoir,
Car de vos citoyens c’est trahir tout l’espoir.
Sondez la profondeur de tout mal qui s’annonce :
Négligez un état, dans l’abîme il s’enfonce.
Pourquoi voit-on souvent tant de destructions,
De bouleversemens, de révolutions ?
C’est qu’un peuple endormi languit dans la mollesse,
Et se laisse accabler de sa fatale ivresse.
Son apathie, hélas ! ne commence à cesser
Que quand l’affreux péril vient enfin le presser,
Que quand il voit ainsi chanceler l’édifice,
Et que va s’entrouvir l’horrible précipice.
Il se réveille alors, saisi d’un juste effroi,
Il se jette en tremblant dans les bras de son Roi ;
Il vient le conjurer de calmer les orages