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tout le bien qu’avant lui l’on voyait s’opérer ;
Il dérange les plans de l’homme qu’il remplace,
Et croirait s’abaisser en marchant sur sa trace.
De là tant de projets faibles, incohérens,
Que sous un même règne on voit si différens.
Pour la félicité de la chose publique,
Faut-il cent fois changer de règle politique ?

Ministres écoutez ce conseil bien prudent,
D’où devra résulter un bien-être évident :
Aimez toujours la loi, prenez-la pour boussole,
Puisque de l’équité c’est toujours le symbole.
Il n’est qu’un seul moyen propre à notre bonheur,
C’est de suivre toujours le sentier de l’honneur.
Alors on vous verra sagement populaires,
Et vous ne commettrez nuls actes arbitraires.
L’intérêt du Monarque et celui des sujets
Ne seront point pour vous deux différens objets.
Vous verrez que toujours l’un à l’autre ressemble,
Et pour mieux les unir vous les fondrez ensemble.

Vous d’Amboise et Sully, d’Aguesseau, l’Hôpital,
Et vous aussi Colbert, Ministre capital,
Malesherbes avait votre ame généreuse.
Comme vous il voulait voir sa patrie heureuse,
Mais il connaissait mieux l’étendue de nos droits,
Il voulait qu’on unît le Monarque et les lois,
Il voulait limiter tout pouvoir trop extrême,
Et que la loi régnât sur le Prince lui-même.

Un vrai discernement dans un homme d’état