Quel hommage reçoit la vertu sur la terre !
Ah ! combien de Louis il peint le caractère !
Combien il sanctifie encore ses malheurs,
Et comme il méritait de régner sur nos cœurs !
Malesherbes, ton Roi te couvre de ses larmes,
Il reconnaît trop tard que tes vives alarmes
Étaient vraiment l’effet de ce discernement
Qui connaissait le cours de son Gouvernement.
Combien il regrettait que ta rare sagesse
N’eût pas sauvé l’État plongé dans la détresse !
Ô mon Dieu ! les conseils des plus dignes humains
Sont parfois dédaignés des meilleurs Souverains !
La médiocrité, la cabale et l’intrigue
Contre les grands talens font toujours une ligue ;
Puis obsédant les Rois éloignent de leurs yeux
Les plus sages avis, les conseils précieux.
Ah ! préservez les cours de cette perfidie !
Oui toujours près des Rois la bassesse mendie,
Elle épie les moyens de tromper les projets
Qu’ils vont exécuter pour le bien des sujets.
Les Rois doivent avoir assez de clairvoyance
Pour savoir bien placer leur haute confiance.
S’ils veulent voir l’État dans la prospérité,
Qu’ils soient bien secondés, alors l’autorité
Deviendra paternelle et vraiment protectrice.
On n’y verra jamais l’inertie corruptrice,
Ni la grande rigueur, ni l’abus du pouvoir,
Et le peuple toujours sera dans le devoir.
Pour prévenir les maux, il faut que la prudence
Page:Dumont - Éloge de Malesherbes, 1821.djvu/16
Cette page a été validée par deux contributeurs.