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Là, tu fus accueilli d’une voix unanime,
Tant pour toi l’on avait une éclatante estime.
La France tressaillit à ce glorieux choix,
Qui vraiment honorait les lettres et les lois.
Nul n’entra dans la lice en voyant Malesherbes
Venir porter ses pas sous ces voutes superbes ;
Tout lui céda la palme et voulut applaudir
À ce choix qui faisait la vertu resplendir.

Lamoignon, ta mémoire appartient à la terre :
Ainsi donc, en peignant ton noble caractère,
Je crois devant mes yeux voir l’univers entier
Venir ceindre ton front d’un auguste laurier,
De ce laurier de paix, simbole d’alégresse,
Que dans l’élysée même y reçoit la sagesse.
Le sceptre de Thémis a reçu de tes mains
Un éclat qui te rend le premier des humains.

Quelle noble vertu distinguait ce grand homme !
Jamais rien de plus grand ne se trouva dans Rome.
Jamais l’antique Grèce, en ses temps si fameux,
Ne put montrer au monde un cœur plus généreux.
Il voyait s’avancer le progrès des lumières,
Il voulait qu’on ouvrît d’impuissantes barrières
Qu’on osait opposer à la marche du temps ;
Il voulait préparer les vastes fondemens
Où l’on allait asseoir l’édifice des âges.
Il savait pressentir les plus grands avantages
Qui devaient résulter de toute liberté
Devenant le lien de la société ;
Mais il savait prévoir que trop de résistance
Causerait des malheurs funestes à la France.