J’interromps aujourd’hui pour un autre grand homme
Le cours de mes travaux et mes réflexions.
Comment mieux occuper mes méditations ?
Comment mieux satisfaire à mes vœux légitimes,
De n’exalter jamais que des cœurs magnanimes ?
C’est ici mon début, juges des vrais talens ;
Vous devez la couronne aux plus dignes accens,
Et je n’ose espérer cet honneur désirable
Que décerne un conseil pleinement équitable.
Orphelin dès l’enfance, et sans instruction,
La vertu m’a donné de l’émulation.
Après quarante hivers, le Dieu de l’harmonie
Viendrait-il échauffer mon trop faible génie ?
Je ne résiste point au plus doux des penchans ;
L’art des vers a toujours des attraits attachans,
Et toujours une Muse aura notre suffrage
Quand la sincérité dictera son langage.
Le naturel exempt de l’affectation
Doit témoigner ici mon admiration.
Sous les coups du malheur, en butte à l’injustice,
J’ai pourtant cultivé le plus doux exercice.
Toujours persévérant dans le sentier du bien,
Mon cœur aime à louer l’excellent citoyen,
L’intègre magistrat, le vertueux ministre,
Modèle si parfait de quiconque administre.
Trois concours ont offert, en un jour solennel,
La palme de la gloire au fortuné mortel
Qui peindrait dignement avec son éloquence,
La plus haute vertu qui décore la France.
Page:Dumont - Éloge de Malesherbes, 1821.djvu/11
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