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Les seuls ennemis intrépides qu’eurent les romains, furent toujours des peuples libres, dont les plus redoutables étaient les Carthaginois. Hannibal seul, les battit plus souvent et leur tua plus de guerriers en bataille, que tous les grands rois ne l’avaient pu faire. Cependant, malgré leurs pertes et leurs défaites répétées, quoique les Carthaginois eussent détruit deux cent mille romains, plusieurs de leurs meilleurs généraux ; quoiqu’en même tems, leurs armées, commandées par les deux braves Scipions, furent taillées en pièces, et qu’ils eussent souffert de grandes pertes en Sicile et sur la mer, ils ne succombèrent jamais, ni ne manquèrent de soldats, ni leurs guerriers de courage ; et quant à de grands généraux, ils en avaient en plus grand nombre et de meilleurs qu’auparavant. Ayant vaincu Hannibal, ils conquirent bientôt le monde.

L’amour de la liberté enfante les héros. Il en est ainsi parmi tous les peuples libres, dans tous les tems et dans tous les lieux.

Dans les états libres, tout homme étant soldat au besoin, par la guerre il devient bientôt un bon militaire.

Il en est autrement dans les États despotiques, où l’on ne donne à des slaves l’esprit et la