liberté est de vivre selon sa volonté bien réglée ; l’esclavage est d’être à la merci d’un autre ; et pour celui qui peut endurer une vie d’esclave, c’est être dans un état d’incertitude, être souvent dans l’appréhension des effets de la malice et de la violence, et même d’une mort tragique.
La passion dans les hommes pour une sage liberté leur inspire toutes les vertus, et les transforme en des hommes qui ressemblent peu aux peuples sous les sceptres des tyrans. On vit de petites armées grecques et romaines mépriser des légions d’esclaves ; des millions de ces malheureux dans les chaînes ont été souvent battus et conquis par quelques milliers d’hommes libres. Lucullus, à la tête de quatorze mille hommes, mais des romains, sur le point de combattre Tygrane, commandant une armée formidable de quatre cent mille hommes, quelques officiers lui représentèrent le nombre prodigieux des ennemis : peu importe, dit-il, le lion ne s’informe jamais du nombre des moutons. Et les Romains n’eurent qu’à se montrer pour les tuer et les poursuivre ; ils ne purent s’empêcher de se divertir à la vue de la fuite ridicule et précipitée de ces lâches esclaves de la tyrannie.