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et que toutes les nations, ayant la raison pour guide, sont capables d’arriver à la vertu. D’où il s’ensuit que tout peuple est susceptible de faire de bonnes lois ; et que là où les lois sont mauvaises, elles ont été faites par la corruption, l’esprit de faction, la peur ou la surprise.

Les armes et l’argent firent confirmer les actes de César ; il fut déclaré être au-dessus des lois ; mais César n’en fut pas moins traître à son pays, et ses actes ne restèrent pas moins pervers et tyranniques.

Il n’y avait point de loi écrite contre l’adultère lorsque le jeune Tarquin ravit Lucrèce ; néanmoins son attentat fut justement puni par les Romains.

La vertu porte en elle-même sa propre récompense, par la satisfaction qu’en ressent en la suivant ; mais elle ne suffit pas à l’homme dépravé par la prévarication d’Adam ; les récompenses et les châtimens constituent donc toute la force des lois. Ôtez-les, et leur promulgation devient inutile.

Les deux grandes lois de la société humaine sont l’équité et la préservation de soi-même ; toutes les lois de la société sont entièrement réciproques. Permettre à un homme, quel que soit son titre, de commettre le mal avec impu-