Page:Dumersan et Brazier - Monsieur Cagnard ou les Conspirateurs.djvu/8

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Manique.

Je m’entends… Le faubourg Saint-Germain a des opinions qui ne sont pas très catholiques… et comme j’entends souvent parler de conspirations…

Agathe.

Ah ! mon Dieu ! Manique, vous me faites trembler.

Manique.

Je ne dis pas qu’il ne se machine pas queuqu’chose… il y a du grabuge en l’air.

Agathe.

On ne sera donc jamais en paix ?

Manique.

Jamais, tant qu’on ne verra pas en France une belle et bonne république… Qu’est-ce que vous voulez, il n’y a rien d’estable ; on ne prend que des demi-mesures. J’entends dire à chaque instant : nous avons une quasi-république, une quasi-liberté, une quasi-légalité. Tous ces quasi-là, ça embrouille. Autrefois nous n’avions que la Quasimodo !

Agathe.

Et vous dites donc qu’il y a du danger ?

Manique.

Oui… mais n’ayez pas peur.

Agathe.

Oh ! j’ai peur de tout… Mon oncle et ma tante ont chacun de leur côté des craintes terribles… Les gens qui viennent les voir ont un air effrayé qui me fait trembler ; il n’y a que mon frère qui rit de tout.

Manique.

M. Prosper est un jeune homme sans espérience, il croit que tout ira bien !… Je plains son erreur, mais je respecque son opinion, comme je veux que l’on respecque la mienne… Les opinions sont libres !… les hommes sont égal… Je vais balayer ma cour.

(Il sort.)

Scène V.

AGATHE, seule.

Mon Dieu ! mon Dieu !… Je voudrais bien être mariée pour sortir de cette maison-ci… Quoique M. Cagnard ne soit ni beau ni aimable, je l’épouserais plutôt que de rester comme je suis.


Scène VI.

M. DELAUNE, AGATHE.
Delaune.

Agathe !

Agathe.

Ah ! mon Dieu ! mon oncle, vous m’avez fait peur.