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Cagnard.

C’est très bien. Vous voulez dire protocole.

Manique.

Ça n’est pas tout. Faut qu’on démolisse les pairs et la loi d’héridité.

Cagnard.

Est-ce que ça vous regarde ?

Manique.

Sûrement… je suis père… j’ai deux enfans de ma première femme.

Cagnard.

Deux enfans de la Liberté ?

Manique.

Oui… ils me tourmentent pour le bien de leur mère… quand il n’y aura, plus d’héridité, je n’aurai plus de comptes à leur rendre.

Cagnard.

Vous êtes un bon père !… vous êtes peut-être le meilleur père de France.

Manique.

J’ai des idées… vous voyez bien, si j’étais quelque chose dans le gouvernement, je m’occuperais tout de suite des boissons, parce qu’il faut que le peuple boive librement.

(Il va reprendre sa lumière.)
Cagnard.

Et pour rien peut-être ? (Ici Juliette sort de sa cachette.)

Manique.

Si ça se pouvait, ça n’en serait que mieux.

Cagnard.

Mais vous péchez par les lumières.

Manique.

Je n’en use pas beaucoup.

Cagnard.

Pour éclairer la société, les lumières sont nécessaires.

(Juliette vient souffler la chandelle de Manique.)
Manique, à Cagnard.

Eh bien ! pourquoi donc soufflez-vous ma chandelle ?

Cagnard.

C’est vous !

Manique.

C’est vous !

Cagnard.

Républicain, vous êtes un éteignoir ! (Juliette lui donne un soufflet.) Vous me frappez dans l’ombre, vous m’en rendrez raison. (Juliette donne un soufflet à Manique, et rentre dans sa cachette. Pour imiter le bruit du soufflet, le souffleur doit frapper très fort dans ses mains.)