Elle est bien heureuse, celle-là.
Mais vous ne la connaissez pas.
C’est égal, c’est une affaire de commerce. On me tourmente ici avec la garde nationale. Habillez-vous donc ! Une nuit au corps-de-garde m’abîme pour huit jours ; le lendemain j’ai la figure pâle, défaite, je suis atroce. (regardant autour de lui.) Ah ! çà, fermons les portes ; vous savez le bruit qui court ; (mystérieusement.) on dit qu’une jeune princesse est à Paris.
Je le sais.
Et d’un autre côté, on écrit que le jeune homme est dans la capitale.
J’en étais instruite.
On dit qu’elle fera incessamment son entrée solemnelle.
Vous ne m’apprenez rien de nouveau.
L’on assure que le 20 mars, à midi, midi et demi, il sortira de la colonne.
Je l’avais prédit.
Lequel croire ? (à madame Delaune.) En attendant, à de certaines heures, il fait des visites à ses partisans.
Certainement, chez tous…
Elle a déjà été, dit-on, dans plusieurs maisons du noble faubourg.
Nous savons cela, mon cher monsieur Cagnard.
Vraiment !… mais dites-moi donc, à présent que ma peur est passée, je déjeunerais bien.
Pourquoi n’êtes-vous pas venu plus tôt. Je vais vous faire servir quelque chose. (Elle va à la porte.) Geneviève, servez le déjeuner de M. Cagnard.
Mon Dieu ! la moindre chose, ma petite associée… une tranche de gigot, un poulet rôti, un perdreau truffé, des pommes de terre à l’huile, des confitures.