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LES GARIBALDIENS

Turr mit la main sur le marmiton.

— Pardon, mon jeune ami, lui dit-il, mais tu vas laisser ce premier déjeuner ici et aller en chercher un second.

— Mais, monsieur, s’écria le marmiton épouvanté, que dirai-je au chef ?

— Tu lui diras que c’est le colonel Turr qui te l’a pris ; d’ailleurs, je vais t’en donner un reçu, de ton déjeuner.

Et Turr, déchirant une feuille de son carnet, donna au marmiton reçu de son déjeuner, lequel fut immédiatement déposé sur les marches de la statue de Philippe IV.

Les affamés s’assirent sur la marche inférieure et se mirent immédiatement à attaquer le veau et la choucroute.

Je les laissai faire et j’allai rejoindre le major Cenni, qui ne soupçonnait pas pourquoi mes compagnons étaient restés en arrière.

— Permettez, me dit-il, que je vous remette entre les mains de l’inspecteur, qui vous conduira partout ; vous choisirez les chambres qui vous conviendront le mieux ; quant à moi, je meurs de faim, et il faut que je déjeune.

Le pauvre major ne se doutait guère à quel pillage était livré son déjeuner au moment suprême où il s’apprêtait à le savourer.