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LES GARIBALDIENS

Mais c’est chose impossible : la brise souffle par fortes rafales, et, à chaque rafale, les voiles fasient avec un effroyable bruit. On dirait qu’elles vont se déchirer dans toute leur longueur.

Les mâts, de leur côté, tremblent et craquent comme s’ils allaient se briser.

Chaque agrès du bâtiment grince, chaque jointure se plaint.

J’écris ; mais ce que j’écris est à peine lisible ; le mouvement du navire fait faire à ma plume des arabesques fantastiques.

Mes compagnons ne dorment pas plus que moi ; je les entends allant du pont à leur cabine et de leur cabine au pont.

Sans qu’il y ait de danger, tous ces bruits, toutes ces rumeurs, tous ces craquements agacent et inquiètent.

Enfin, la fatigue l’emporte. Je m’endors deux ou trois heures.

10 juin.

Je m’éveille ; je monte sur le pont. Nous sommes toujours au même endroit ; le phare brille toujours à cinq ou six milles de nous ; le navire frémit et tremble toujours sous les efforts du vent. On ne voit pas la côte ; on n’aperçoit qu’une sombre masse