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LES GARIBALDIENS

comte de Syracuse avait paru, le prince m’avait envoyé M. Testa, son médecin, pour me dire qu’il n’avait point oublié nos relations de 1835 et qu’il serait enchanté de me revoir.

Je lui fis répondre que, s’il voulait me faire l’honneur de venir à bord de l’Emma, il y serait doublement le bienvenu, et comme ami et comme patriote.

Le lendemain, le prince abordait.

Nous nous embrassâmes en nous revoyant ; le prince me regarda et se mit à rire.

— Eh bien, me demanda-t-il, que penses-tu de la position ?

— Je pense que, si Votre Altesse avait accepté la proposition que je lui ai faite il y a quinze ans, elle eût épargné bien du sang à la Sicile et à Naples, et bien des malheurs à sa maison.

— C’est vrai, me dit-il ; mais qui pouvait prévoir tout ce qui arrive !

— Un prophète ou un poëte.

— Maintenant, poëte ou prophète, que me conseilles-tu de faire ?

— Je conseille à Votre Altesse…

Il m’interrompit en haussant les épaules.

— Est-ce qu’il y a encore aujourd’hui des princes et des Altesses de la maison de Bourbon ? Nous sommes tous condamnés, mon cher Dumas ; nous