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LES GARIBALDIENS

Orrigoni a suivi le général à Montevideo ; il en est revenu avec lui pour la campagne de 1848 ; il l’accompagnait dans cette douloureuse retraite où mourut Anita. Séparé un instant de lui, il le rejoignit à Tanger, repassa avec lui dans l’Amérique du Nord ; de l’Amérique du Nord, dans le golfe du Mexique ; du golfe du Mexique, à Lima. Il était près de Garibaldi dans cette glorieuse campagne de 1859, où chaque combat fut une victoire. Il est venu le rejoindre en Sicile, et le voilà avec lui en Calabre.

Brave Orrigoni ! j’ai jeté des cris de joie en le voyant : il me semblait qu’en me retournant j’allais voir Garibaldi.

Mais non, Garibaldi était à Nicotera. Il remontait la Calabre, effaçant la trace des pas du cardinal Ruffo et forçant la liberté effarouchée à passer par le chemin qu’avait, cinquante ans auparavant, frayé le despotisme.

C’est par Orrigoni que j’appris la mort de notre pauvre de Flotte, et cette triste nouvelle me brisa le cœur.

Il est si difficile de se figurer qu’une créature humaine qu’on a vue, cinq ou six jours auparavant, active, pleine d’intelligence, parlant, espérant, est devenue un cadavre inerte et muet, qu’on cherche toujours à se persuader que la nouvelle d’une pareille mort est fausse.