Page:Dumas les garibaldiens revolution de sicile 1861.djvu/268

Cette page a été validée par deux contributeurs.
249
LES GARIBALDIENS

J’emmène sur l’Emma frère Jean, chapelain de Garibaldi, que l’absence du général laisse sans emploi.


    » La vie politique de Paul de Flotte date de cette époque.

    » Depuis longtemps déjà, les idées qu’il avait héritées de sa famille n’étaient pas les siennes. La nature de son esprit investigateur, non moins que l’élévation de sentiments qui lui était propre, avait fait de lui un homme nouveau : il appartenait tout entier à la cause démocratique. Mais, bien que ses adversaires l’aient souvent accusé de vouloir pousser à l’extrême l’application de ses idées sociales, il était, à tous égards, loin de mériter ces imputations aveugles.

    » Son action dans les clubs n’a point eu le caractère qu’on lui a prêté au dehors. Il fit les plus grands efforts, au 15 mai, pour prévenir la dissolution de l’Assemblée ; et, quand l’insurrection de juin éclata, provoquée par la proposition Falloux, il en fut atterré. Ayant vainement tenté de parvenir auprès de la commission exécutive, il parcourut les barricades durant une nuit entière, déplorant le fatal malentendu qui ensanglantait la cité, et s’épuisant en essais malheureusement infructueux pour arrêter cette lutte fratricide.

    » Dénoncé et arrêté, il se vit bientôt transporté sans jugement à Belle-Isle en Mer. Une tentative d’évasion n’ayant point réussi, il fut condamné de ce chef à un mois de prison, et c’est à cette condamnation qu’il dut sa liberté ; car, à l’expiration de cette peine, on n’osa le retenir pour le fait d’un jugement qui n’existait pas. Huit jours après sa sortie de prison, les électeurs de Paris l’envoyèrent protester à la tribune nationale contre la transportation sans jugement.

    » Le 20 mars 1850, il devait dire pourquoi il avait été l’un des élus du peuple et exposer ses doctrines politiques. L’anxiété était extrême chez ses amis, et ses adversaires s’attendaient à lui entendre prononcer un discours d’utopiste. Il parla, et prouva que, sans cesser de lever les yeux vers l’idéal qui était son rêve, il ne perdait pas du pied le réel, qui était son appui.

    » Pendant l’exercice de son mandat, Paul de Flotte écrivit et publia son livre De la Souveraineté du peuple, ouvrage im-