Page:Dumas les garibaldiens revolution de sicile 1861.djvu/267

Cette page a été validée par deux contributeurs.
248
LES GARIBALDIENS

16 août.

Arrivé à Messine le 14 au matin, J’en repars aujourd’hui 16, dans l’après-midi.

    nécessités fatales de la conquête de la liberté. Nous le savons, et nous savons aussi que le sang des martyrs enfante des héros.

    » Ces pensées sont un adoucissement à la douleur qui nous oppresse depuis que nous est parvenue la triste nouvelle de la mort de notre ami de Flotte.

    » Par les honneurs funèbres que vous lui avez fait rendre, général, vous avez prouvé que votre grand cœur avait compris le sien ; mais ce que la modestie de notre si regrettable concitoyen ne vous a pas permis sans doute de bien connaître, c’est sa vie si noble, si pure, si bien remplie. Permettez-nous de vous la raconter brièvement.

    » Un écho des monts napolitains nous a dit sa mort héroïque ; qu’un écho parti de France vous dise comment il a vécu.

    » Paul-René-Gaston de Flotte, descendant de l’amiral Boulainvilliers par sa mère, né en 1817, à Landerneau, fit ses études à la Flèche et à Vendôme, et entra deuxième au vaisseau-école. Il avait alors quinze ans. Il fit une de ses premières campagnes, comme enseigne, à bord de la frégate la Vénus, envoyée dans l’océan Pacifique, sous le commandement de Dupetit-Thouars. Au retour, il rencontra l’expédition du capitaine Dumont d’Urville, qui entreprenait son voyage de circumnavigation, obtint de permuter avec un ami, et reprit, sur la Zélée, la longue route qu’il venait de parcourir. Quand il rentra en France en 1840, il avait fait, à vingt-trois ans, deux fois le tour du monde.

    » Plein d’ardeur, doué d’aptitudes brillantes et variées, destiné, de l’aveu de ses camarades et de ses chefs, à devenir un des officiers les plus distingués de son arme, il fut envoyé à Paris pour surveiller l’exécution d’une machine de son invention. Cette mission décida autrement de la carrière du jeune lieutenant de vaisseau. Il était à Paris quand survint la révolution de 1848, à laquelle il prit une part énergique.