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LES GARIBALDIENS

le paysage de leurs chemises rouges, qui font, entre les arbres, l’effet de coquelicots dans un champ de blé.

L’eau manque, l’eau est saumâtre ; mais, bah ! on a le vin du pays pour la corriger.

Je cherchai de Flotte au milieu de toutes ces chemises rouges. Chacun le connaissait pour l’avoir vu le premier au feu ; mais il n’était pas au camp.

Je m’en retournai et passai par le Paradis.

Giuseppe Arena, non plus, n’était pas chez lui ; je n’y trouvai que sa femme, que j’avais vue, vingt-cinq ans auparavant, donnant le sein à un petit enfant de huit mois. La femme était vieille ; l’enfant devait être un grand garçon.

Madame Arena me promit que son mari viendrait le lendemain matin me voir à mon bord. En effet, le lendemain matin, la première personne que j’aperçus, en montant sur le pont, ce fut mon brave capitaine Arena. Vingt-cinq ans lui avaient blanchi la barbe et les cheveux ; mais il avait conservé sa bonne figure, toujours sereine, même au milieu de la tempête.

Pourquoi pas ? Il avait été constamment heureux ; au lieu d’une barque, il en avait trois. Son ambition n’avait jamais été au delà d’une pareille fortune.

Il amenait avec lui un de nos matelots, Giovanni, le danseur, le coureur de belles filles, le cuisinier