Page:Dumas les garibaldiens revolution de sicile 1861.djvu/224

Cette page a été validée par deux contributeurs.
LES GARIBALDIENS

Tout à coup, une masse sombre, enveloppée d’un nuage de fumée, nous apparaît à une cinquantaine de mètres, trace un demi-cercle autour de nous, en passant à notre avant, puis vire de bord et revient droit sur nous par le travers de tribord.

— Le bateau à vapeur ! le bateau à vapeur ! cria le matelot de quart.

— Lofez ! lofez ! cria le second à son tour.

La manœuvre s’exécuta ; mais, avant qu’elle fût accomplie, le bateau à vapeur était sur nous.

Ce qui se passa dans cet instant est indescriptible.

La goélette fut soulevée comme une plume ; un craquement se fit entendre. Je fus couvert d’eau ; j’étais couché sur le pont. Le timonier fut renversé : le second, jeté à cinq ou six pieds en l’air ; notre vergue de fortune, brisée ; notre guide baume, plié comme un roseau ; notre grande voile, déchirée. L’arrière de la goëlette plongea dans la mer et se releva ruisselant. Le bateau à vapeur crut nous avoir coulés, et continua son chemin.

C’était une petite plaisanterie napolitaine. Notre goëlette avait été reconnue pour avoir pris part à l’affaire de Milazzo ; on voulait tout simplement nous couler.

Nous fûmes jusqu’au jour à réparer nos avaries ; beaucoup de choses étaient brisées à bord, mais