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LES GARIBALDIENS

— Il y a en ce moment-ci, en Italie, deux peuples différents de civilisation, de patrie, nous dirons même de race : la race latine pure, qui traverse la mer pour affranchir la Sicile, et qui trouve en Sicile une race croisée de Latins, de Grecs, de Sarrasins et de Normands. Si l’on est trop sévère pour Santo-Meli, les Siciliens ne diront-ils pas qu’un des premiers actes d’un de leurs frères de l’Italie du Nord a été de fusiller un patriote sicilien ?

À onze heures du soir, c’est-à-dire au moment où j’écris ces lignes, le conseil, rentré en séance, siége encore.


27 juin au matin.

Hier, pendant que l’on entendait les témoins, la mère de Santo-Meli est venue me supplier, de la part de son fils, d’aller le voir en prison ; il voulait me remercier lui-même de l’intérêt que je prenais à son sort, et me prier de lui continuer cet intérêt.

Je me suis rendu à cette demande.

Le prisonnier est dans un cachot dont l’ouverture donne sur le pied de l’escalier par lequel on monte au conseil de guerre.

Il m’attendait avec une anxiété visible.

Ses yeux avaient une telle expression, que je n’eus pas besoin que sa bouche m’interrogeât ; il me saisit les mains à travers les barreaux et me les baisa malgré moi.