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LES GARIBALDIENS

Le comte Tasca était, comme moi, assez pensif ; je présumai que c’était pour la même cause, et j’allai à lui. Je ne m’étais pas trompé.

Santo-Meli est du village de Ciminna, à quelques milles seulement de Villafrati. Il est fort craint et fort admiré dans le pays ; les natures énergiques, fussent-elles énergiques pour le mal, conquièrent toujours une popularité sur le vulgaire ; témoin, la popularité de Néron à Rome, celle de Mandrin chez nous, celle de Fra Diavolo en Sicile.

Nous résolûmes, le comte, un jeune poëte palermitain, di Maria, et moi, de faire, après le dîner, tomber la conversation sur Santo-Meli et d’influer autant que nous pourrions en faveur de l’accusé sur l’esprit du major Spangaro.

Mais nous trouvâmes en celui-ci ce qu’on trouve toujours ou, du moins, presque toujours dans les juges militaires qui ne sont influencés ni par un pouvoir supérieur ni par une haine de corps, c’est-à-dire un homme inflexible dans la ligne de la justice, et qu’il était aussi impossible de faire dévier vers la clémence que vers la rigidité.

Au premier mot, il nous interrompit.

— J’ai deux choses à défendre dans la position où je suis, nous dit-il : mon impartialité et mon cœur, qui pourrait m’empêcher d’être impartial. Ne vous adressez donc pas à mon cœur surtout ; car je suis