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LES GARIBALDIENS

— Tu crois qu’il sera fusillé ?

— Mais j’y compte bien ! Nous causions tout à l’heure de l’arrestation de la diligence de cette nuit ; eh bien, que deux ou trois faits pareils se produisent encore, et l’on dira, dans nos journaux réactionnaires, que, de Catane à Trapani, de Girgenti au Phare, on n’ose plus faire un pas hors de chez soi en Sicile depuis que les Bourbons en sont chassés. Mon ami, Garibaldi a fait fusiller à Rome un de nos légionnaires qui avait pris trente sous à une vieille femme ; Garibaldi a pour toute fortune deux pantalons, deux chemises rouges, deux foulards, un sabre, un revolver et un vieux chapeau de feutre ; Garibaldi emprunte un carlin pour faire l’aumône à un pauvre, parce qu’il n’a jamais un carlin dans sa poche ; cela n’a point empêché que les journaux de Naples ne l’aient traité de flibustier, et les journaux de France de pirate. Dans les temps comme ceux où nous vivons, il faut être trois fois pur, trois fois brave, trois fois juste, pour n’être qu’un peu calomnié. En se conduisant ainsi, au bout de dix ou douze ans, on commence à être apprécié par ses ennemis, et il ne faut guère que le double de ce temps pour l’être par ceux auxquels on a rendu service. Sur ce, va déjeuner, il est l’heure, et envoie-moi un peu de bouillon que tu feras toi-même, et une cuillerée de confitures, si tu en trouves.