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LES GARIBALDIENS

— Vive l’Italie !

Nous arrêtâmes notre voiture.

Ce qu’il y a de remarquable dans ces sortes de fêtes populaires, c’est que cavaliers, chevaux, piétons, homme armés, hommes sans armes, femmes, enfants, vieillards s’entassent, se poussent, se croisent en dehors de toute précaution prise, sans gendarmes, sans police, sans sbires, et que pas un accident n’arrive.

Nous nous trouvâmes en un instant le centre de deux un trois mille personnes, qui n’étaient qu’une avant-garde.

La musique s’avançait en jouant l’air national de la Sicile. Devant elle, derrière elle, autour d’elle, hommes et femmes dansaient : en tête de tout, un prêtre, représentant le roi David devant l’arche ; puis venaient les cinq voitures contenant les prisonniers et leurs familles. Ils étaient littéralement ensevelis sous les fleurs qu’on leur jetait de tous côtés.

Derrière eux suivait une longue file de voitures.

Nous prîmes rang.

À peine les prisonniers furent-ils entrés dans la ville, que les cris, les applaudissements, les vivat éclatèrent. C’était un enthousiasme effrayant, comme toute chose arrivée à son paroxysme. On jetait des fleurs, on jetait des bouquets ; on finit par jeter les drapeaux des fenêtres.