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LES GARIBALDIENS

teur sur notre balcon, d’où l’on aperçoit la réverbération des coups.

Au milieu de toutes les opinions émises, un des assistants élève la voix :

— Messieurs, dit-il, je déjeunais ce matin chez l’amiral Jehenne, lorsqu’on est venu lui dire que la corvette anglaise levait l’ancre pour aller faire l’exercice à feu au large. Mon avis, à moi, est que c’est la corvette qui fait l’exercice à feu.

Tout le monde se met à rire à l’idée que, devant une ville qui vient d’être bombardée, qui a perdu mille ou quinze cents de ses habitants dans ce bombardement, qui est en tumulte tout le jour, en angoisse toute la nuit, une corvette anglaise aurait l’idée de faire l’exercice à feu à une heure du matin.

En attendant, on voit se mouvoir des détachements dans les ténèbres de la vaste place Royale, espace d’un kilomètre carré éclairé par huit réverbères à l’huile.

Je propose de monter sur l’observatoire qui est au plus haut du palais et d’où l’on découvre toute la mer ; mais, après une cinquantaine de coups, le feu s’est éteint.

Un cavalier traverse la place à toute bride et s’arrête à la porte du palais royal.

Tout le monde devine qu’il apporte des nouvelles, et on se précipite à sa rencontre.