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LES GARIBALDIENS

Garibaldi est servi, au palais, par les domestiques de l’ancien vice-roi, qui ont voulu ressusciter pour lui les traditions de la table princière ; mais il leur a signifié qu’il n’entendait pas avoir pour son dîner autre chose que le potage, un plat de viande et un plat de légumes. Ce n’est pas sans peine qu’il est parvenu à leur faire admettre ces règles de sobriété.

Une chose l’exaspère : c’est que les Siciliens, bon gré, mal gré, l’appellent Excellence et veulent à toute force lui baiser la main.

Tout est hors de prix ici ; on se croirait à San-Francisco aux beaux jours de la Californie ; un œuf se vend quatre sous ; la livre de pain, six sous ; la livre de viande, trente.

Notez bien qu’à Palerme la livre n’a que douze onces.

Hier, nous nous promenions dans les quartiers ruinés de la ville ; deux pauvres femmes nous montraient du pain qu’elles venaient d’acheter.

— Et quand on pense, disaient-elles, qu’en voilà pour un tari !

Tous les matins, il se fait une distribution de pain et d’argent à la porte du palais royal.

Ce sont les aides de camp de Garibaldi qui, à tour de rôle, sont chargés de ce soin.

La stupéfaction de cette population superstitieuse est grande ; elle était affamée par un vice-roi ca-