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LES GARIBALDIENS

glais qui a pris du service dans l’armée de Garibaldi et qui s’est chargé de l’instruction de deux ou trois cents recrues.

Le pauvre instructeur prend les Siciliens au sérieux. Avant-hier, il voulait absolument faire fusiller un chef de poste qui, sans crier gare, était parti relevant et emmenant avec lui toutes les sentinelles placées devant les casernes et les forts napolitains.

Ce chef de poste, bien entendu, était un picciotto.

Turr avait beaucoup de peine à faire comprendre au colonel anglais qu’on ne pouvait pas avoir, avec ces soldats improvisés, les mêmes exigences qu’avec le véritable homme de guerre.

Comme les soldats de Garibaldi sont vêtus de blouses rouges, la couleur rouge est devenue à la mode, et toutes les étoffes rouges ont doublé de prix. Une simple chemise de cotonnade rouge coûte aujourd’hui quinze francs.

Il en résulte que les rues et les places de Palerme ont l’air d’un vaste champ de coquelicots.

Le soir, chaque fenêtre, à côté de son drapeau vert, rouge et blanc, arbore ses deux lanternes ; aussi, rien de plus curieux que la ville, vue de la place des Quatre-Nations, c’est-à-dire au centre de la croix que font les deux rues de Tolède et de Maqueda. On dirait quatre rivières de flamme sortant de la même source.