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LES GARIBALDIENS

À chaque charge, les Napolitains tiennent bon, font feu, rechargent leurs fusils, font feu de nouveau, jusqu’à ce qu’ils voient briller à dix pas d’eux les baïonnettes des légionnaires, d’autant plus terribles qu’elles semblent emmanchées à des canons muets.

Ils reculent alors, mais se reforment aussitôt, toujours dans une position meilleure, sous le feu de leurs canons, qui crachent mitraille et grenades.

Le général, au milieu du feu, donne ses ordres avec son calme ordinaire ; son fils Menotti, qui fait ses premières armes, — celui-là même qui est né dans le Rio-Grande, et que son père, pendant une retraite de huit jours, a porté à son cou dans un mouchoir, afin de le pouvoir réchauffer de son haleine, — Menotti prend un guidon tricolore orné de rubans, sur lesquels est écrit le mot Liberté, et s’élance en avant des tirailleurs, le revolver d’une main, le guidon de l’autre.

À vingt pas de l’ennemi, il est atteint d’une balle, à la main même dont il porte le drapeau.

Le drapeau lui échappe de la main.

Schiafini ramasse le pennon, s’élance en avant et est tué roide à dix pas du premier rang napolitain.

Deux autres légionnaires ramassent à leur tour le drapeau et sont tués tous deux, Les Napolitains