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Marguerite.

Prudence fera la quête et vous embrassera pour nous toutes.

Gaston.

Non pas, non pas, je veux que vous m’embrassiez vous-mêmes.

Olympe.

C’est bon, on vous embrassera ; allez vous asseoir et ne dites rien. — Un jour, ou plutôt un soir…

Gaston, jouant Malbrouck sur le piano.

Il est faux, le piano.

Marguerite.

Ne lui répondons plus.

Gaston.

Elle m’ennuie, cette histoire-là.

Saint-Gaudens.

Gaston a raison.

Gaston.

Et puis, qu’est-ce que ça prouve, votre histoire, que je connais et qui est vieille comme Prudence ? Elle prouve que Saint-Gaudens a suivi à pied un fiacre jaune dont il a vu descendre Agénor à la porte d’Amanda ; elle prouve qu’Amanda trompait Saint-Gaudens. Comme c’est neuf ! Qui est-ce qui n’a pas été trompé ? On sait bien qu’on est toujours trompé par ses amis et ses maîtresses ; et ça finit sur l’air du Carillon de Dunkerque.

Il joue le carillon sur le piano.
Saint-Gaudens.

Et je savais aussi bien qu’Amanda me trompait avec Agénor que je sais qu’Olympe me trompe avec Edmond.

Marguerite.

Bravo, Saint-Gaudens ! Mais Saint-Gaudens est un héros ! Nous allons être toutes folles de Saint-Gaudens ! Que