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Marguerite.

En effet, je ne peux pas rentrer une fois sans vous trouver là. Qu’est-ce que vous avez encore à me dire ?

Varville.

Vous le savez bien.

Marguerite.

Toujours la même chose ! Vous êtes monotone, Varville.

Varville.

Est-ce ma faute si je vous aime ?

Marguerite.

La bonne raison ! Mon cher, s’il me fallait écouter tous ceux qui m’aiment, je n’aurais seulement pas le temps de dîner. Pour la centième fois, je vous le répète, vous perdez votre temps. Je vous laisse venir ici à toute heure, entrer quand je suis là, m’attendre quand je suis sortie, je ne sais pas trop pourquoi ; mais, si vous devez me parler sans cesse de votre amour, je vous consigne.

Varville.

Cependant, Marguerite, l’année passée, à Bagnères, vous m’aviez donné quelque espoir.

Marguerite.

Ah ! mon cher, c’était à Bagnères, j’étais malade, je m’ennuyais. Ici, ce n’est pas la même chose ; je me porte mieux, et je ne m’ennuie plus.

Varville.

Je conçois que, lorsqu’on est aimée du duc de Mauriac…

Marguerite.

Imbécile !

Varville.

Et qu’on aime M. de Giray…

Marguerite.

Je suis libre d’aimer qui je veux, cela ne regarde personne, vous moins que tout autre ; et si vous n’avez pas