Page:Dumas fils - Théâtre complet, 1898 - Tome I.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

profit, madame, je vous le conseille, — s’il en est temps encore.

Où en étions-nous avant cette parenthèse ? Aux moyens pratiques que je promettais, sinon pour détruire le mal, du moins pour l’atténuer, pour le modifier, pour l’utiliser peut-être. Les conventions actuelles de la société et les pratiques banales de la religion ayant suffisamment démontré leur insuffisance, voyons ce que la Nécessité nous conseille et ce que le Droit nous offre. Quand on a la force pour soi et qu’on veut absolument le bien, si l’on ne peut convaincre, il faut contraindre.

Partons d’abord de ce principe élémentaire que : si tous les voleurs et toutes les courtisanes avaient trouvé, en venant au monde, une famille honnête, une fortune assurée et une éducation saine, il n’y aurait ni voleurs, ni courtisanes ; ceux qui auraient embrassé quand même cette carrière dangereuse, eussent été des maniaques ; celles qui eussent choisi ce métier de rebut eussent été des malades.

Nous voyons des hommes et des femmes qui, nés de parents malhonnêtes, ou placés dans un milieu délétère, échappent à l’influence néfaste, se dégagent de l’atmosphère morbide, veulent et se sauvent. Donc, la transformation est possible, même dans les plus mauvaises conditions.

Aidons les hommes sans ressources, et protégeons les femmes sans défense.

Quels sont les refuges que la société leur offre, aux uns et aux autres ? Aux hommes actifs, jeunes et sains, privés de moyens d’existence, elle offre l’engagement militaire, c’est-à-dire la sécurité matérielle dans la vie et la gloire dans la mort ; aux filles actives, jeunes et saines, privées de moyens d’existence, elle offre le libertinage, c’est-à-dire l’infamie pendant et après la vie ; aux uns et aux autres, quand ils commettent un délit, la prison ou la mort, selon la gravité du délit ; à tous, quand ils sont mourants, l’hospice, quand ils sont