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famille, sans éducation, sans exemples, sans conseils et sans pain ?

« Qu’elle se vende ; me direz-vous, chère madame ***, je ne l’en empêche pas, mais vous ne pouvez pas m’empêcher de la mépriser et de l’exclure. »

Soit. La lutte commence, alors. Eh bien, surveillez attentivement votre fils et vos actions de la Banque, chère madame *** ! car cette fille ne va plus avoir qu’une idée, c’est de s’emparer de l’un et des autres, et, si elle y arrive, ce sera de bonne guerre, voilà tout.

En refusant à la vertu le droit d’être un capital, vous avez donné au vice le droit d’en être un.

Maladroits ! quand une nation chrétienne, catholique même, pratique ou prétend pratiquer une religion d’humilité, de charité, de pardon, religion qui a déifié la femme en supposant une vierge mère d’un Dieu, en absolvant Madeleine et en pardonnant à la femme adultère ; quand un peuple qui invoque toujours sa révolution de 89, qui veut la justice, la liberté, l’égalité non seulement pour lui, mais pour les autres ; quand un peuple qui a trouvé le moyen de se faire appeler le peuple le plus brave, le plus chevaleresque, le plus spirituel de tous les peuples est assez hypocrite, assez lâche et assez stupide pour permettre que des milliers de filles jeunes, saines, belles, dont il pourrait faire des auxiliaires intelligentes, des compagnes fidèles, des mères fécondes, ne soient bonnes qu’à faire des prostituées avilies, dangereuses, stériles, ce peuple mérite que la prostitution le dévore complètement, et c’est ce qui lui arrivera[1].

Retournez-vous et regardez le chemin que vous avez laissé parcourir à cette formidable ennemie.

Mettons de côté la prostitution légale, celle que la loi autorise, encourage presque, car la loi encourage tout ce qu’elle tolère, mettons de côté cette prostitution que

  1. Les Idées de madame Aubray.